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violences conjugales et cancer
13 novembre 2014

VIOLENCE CONJUGALE ENTRAÎNANT DES MALADIES MORTELLES

     Dans la foule indifférente, pressée ou marchant d'un pas saccadé, elle avance lentement, bousculée par les uns et les autres. Dans cette forêt de visages qui l'entourent, elle ne rencontre ni un regard ami, ni un signe compatissant.

     Sa solitude est nue. Bien plus, depuis qu'elle sait que ses jours sont comptés, elle se sent encore plus en marge comme sur une île lointaine. Il n'y a pas de pire chose que de savoir qu'on va mourir bientôt. Certes, chacun se sait bien mortel mais l'échéance de la mort est repoussée dans un avenir lointain, vague, à un âge presque canonique, bien au delà de l'espérance de vie commune. Mais quand l'espoir s'est éteint, que chaque jour de vie supplémentaire est un combat sans cesse perdu contre une fin qui se rapproche comment appréhender ce malheur individuel alors que le monde entier continue à vivre. N'importe qui jusqu'au moindre clochard lui semble enviable par rapport à elle. Elle voudrait crier sa peur de mourir, de sombrer dan,s ce néant glacé pour toujours. Elle a envie de supplier ses médecins  : "ne me laissez pas descendre un jour trop tôt parmi les morts !" retrouvant l'intonation de Gérard Philipe quand il prononçait cette phrase en étant véritablement le Prince de Hombourg. Chaque jour qui passe est bon à prendre même s'il s'accompagne de sa cohorte d'angoisse, d'incertitude, de découragement.

       Elle est pourtant en vie : elle peut voir encore de sa véranda Paris au loin avec sa Tour Eilffel, son Dôme des Invalides. Elle peut écouter la musique qu'elle aime et un rayon de soleil illumine alors la grisaille de ses jours. Elle peut aimer encore ceux qui tiennent tant de place dans sa vie (compositeurs, écrivains, poètes, peintres). Elle peut sentir le parfum d'une rose ou goûter à un de ses mets préférés. Même si elle est clouée au lit par des douleurs insoutenables, elle est en vie. Elle peut jouir encore de moments heureux, catalyseurs d'un bouquet de sensations et d'émotions. Jour après jour, elle lutte contre l'issue fatale programmée par les médecins. Nulle statistique ne parvient à lui ôter sa vérité : sa vie, sa vie est là !

      Parfois la haine contre ceux qui ont contribué à ses maladies s'empare d'elle : car le cancer, "c'est les autres" : la violence physique et verbale de son ex mari et ensuite de son ex concubin lui a fiché dans le coeur les germes de la maladie. La souffrance de l'esprit s'est manifestée par les tumeurs du corps : expression indéniable de son mal être : ce qu'elle ne pouvait avouer, la maladie l'a affirmé. La violence conjugale même si elle n'était pas souvent physique (six actes très violents avec séquelles) a généré tous les jours suite à des mots durs, des reproches injustifiés une souffrance répétée. Dans cette prison sans barreau dont elle ne pouvait s'échapper, retenue par les fils invisibles de la fidélité à ses idéaux d'amour conjugal, de sa peur de l'avenir et de la solitude, elle n'avait eu qu'un moyen de fuir : sa maladie mortelle.

     Elle aurait aimé se venger contre ceux qui par leur violence l'avait démolie jour après jour : mais elle n'en avait plus la force. Elle ne pouvait que ressentir de la haine inefficace en pensant à ses ex qui continueraient une vie normale avec leurs enfants et vivraient longtemps après elle. Il lui sembla que la meilleure chose à faire afin que sa vie solitaire ne fut pas complétement était d'aider financièrement ses soeurs inconnues et si proches car victimes, comme elle, de violences !  

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