L'IMAGE NEGATIVE DE LA FEMME DANS LES FLEURS DU MAL DE BAUDELAIRE
L’image négative de la femme dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire
La violence physique envers la femme
Dans le poème À celle qui est trop gaie, Section Spleen et Idéal, XXXIX, Baudelaire écrit
Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse
Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles
Plus éclatantes et plus belles,
T’infuser mon venin, ma soeur !
Cette pièce a été condamnée lors du célèbre procès fait aux Fleurs du mal. Baudelaire s’explique dans ses notes à son avocat (ce livre est) destiné à représenter L’AGITATION DE L’ESPRIT DANS LE MAL. Mais, le fait que le poète représente la femme comme humiliant l’homme, femme fatale ou femme vénale, manifeste bien le peu de crédit accordé à la femme en cette fin de siècle.
Des poèmes font référence explicitement au meurtre de la femme par son mari ou son amant.
D’abord, Le Vin de l'assassin dans lequel un ivrogne se vante ainsi d’avoir tué son épouse
Ma femme est morte, je suis libre
Je puis boire tout mon soûl.
Lorsque je rentrais sans un sou,
Ses cris me déchiraient la fibre.
Premier quatrain
Plus loin, quatrième quatrain
Je l’ ai jetée au fond d’un puits
Et j’ ai même poussé sur elle
Tous les pavés de la margelle.
Un autre crime celui évoqué dans le poème LXXIX Une martyre
L’homme vindicatif que tu n’as pu, vivante
Malgré tant d’amour, assouvir
Combla t il sur ta chair inerte et complaisante
L’immensité de son désir ?
Ton époux court le monde, et ta forme immortelle
Veille près de lui quand il dort,
Autant que toi sans doute il te sera fidèle,
Et constant jusques à la mort.
Certes, Baudelaire condamne ces actes atroces mais l’art poétique qui rend compte de la beauté formelle ne fait il pas oublier l ’atrocité de ces crimes odieux commis par un époux égoïste ou un amant qui laisse libre cours à son désir jusqu'à tuer (et en la décapitant) la maîtresse devenue sa chose !
Dans une nouvelle de Maupassant, un homme soûl frappe sa femme qu’il ne reconnait pas dans le lit conjugal jusqu'à ce que écrit Maupassant il ne reste de son épouse qu’une bouillie de sang et d’os. La force de dénonciation de la prose de l’écrivain normand est plus vive que celle du poète ! La littérature peut dénoncer les violences faites aux femmes comme les pièces de Molière qui défend les filles contre les pères leur imposant un mariage contre leur choix. Si dans Le Médecin malgré lui, la pièce commence par la correction de Martine par son mari, les spectateurs rient du bon tour que Martine fait à son époux violent. Il sera battu afin qu'il puisse être le médecin malgré lui !