Notre Dame de Paris : ma déchirure
02022018_IMG_4489 Je veux encore parcourir les rues
Vers Notre Dame qui trône en majesté
Et là me saouler de sa vue
Proue sur l'Ile de la cité
Comme un large vaisseau
Elle porte l'humanité
Ancrée pour l'éternité
Dans l'ancien Paris si beau.
De tous les beaux monuments parisiens, Notre Dame de Paris est pour moi incomparable. Quand on rentre dans la pénombre, on est guidé dans le noir par la flamme vacillante des cierges. On progresse donc de l'extérieur vers l'intérieur, du laïque au religieux, de la vie matérielle à la spiritualité. Dans mes moments de doute et d'angoisse, dans cette peur atroce de la mort, je retrouve apaisement et espoir dans cette magnifique cathédrale. Particulièrement, je contemple la rosace Nord. Cette rosace à dominante bleue illustre l'Ancien Testament. Au centre, la Vierge et l'enfant, à la fois l'aboutissement de l'Ancien Testament et l'annonce du Nouveau. Pour moi, la nativité est une image de l'espoir, de la renaissance, peut être la possibilité de la guérison. Dans le kaléidoscope des vitraux, sont installés en cercles, les prophètes, les rois de la Bible. Elle scintille de tous ses feux. Le coloris bleu, issu du lapis-lazuli, serait de nos jours, impossible à reproduire. Si je n'ai pas la force de prier, je m'assois en face la rosace Nord et je médite en silence sur sa beauté qui me paraît illustrer la perfection divine. Tant de merveilles me redonnent confiance : la statue de la Vierge, légèrement déhanchée, sculptée par un anonyme, empreinte de grâces et de mystère par exemple. Je repense avec reconnaissance aux bâtisseurs inconnus qui se sont dévoués au fil des siècles. C'est avec émotion que je retrouve sur les piliers les signes qui servaient aux artisans à se faire payer leurs journées de travail. La cathédrale Notre Dame de Paris n'est pas seulement belle, c'est un livre d'histoire. Comme un large vaisseau, elle porte l'humanité, en marche pour l'éternité.
Certains écrivains se sont convertis à Notre Dame comme Claudel. Tout m'inspire la foi et l'espoir. Les souvenirs littéraires : tous ceux qui ont aimé et admiré Notre Dame de Paris comme Villon qui relatait combien sa mère avait appris le catéchisme en contemplant la façade et les portails de Notre Dame de Paris, comme Hugo qui l'a sauvée par son roman, comme Peguy qui a inventé le pèlerinage de Paris à Chartres, et tant d'autres connus ou anonymes.
Avant le 15 avril, j'écrivais ceci dans mon ouvrage "Sous le signe du cancer" sous le pseudonyme d'Agnès Victor que je dedicacerai le 20 mai en fin d'après midi au salon du livre de la maire du 5ème arrondissement en face du Panthéon. Maintenant après l'incendie je me sens orpheline et je regrette de ne plus pouvoir y entrer pour contempler la rosace, la Vierge au pilier et tant d'autres beautés. L odeur de l'encens me manque comme la musique de l'orgue, comme les célébrations, l'adoration de la couronne d'épines... Certes, on peut prier Dieu partout mais certains lieux vous y aident. Pour moi rien ne remplacera jamais Notre Dame de Paris. Même contempler ses photos, voir les documentaires ne suffisent pas à soulager mon désarroi. Elle qui m'a tant aidée dans mes cancers, dans le deuil de ma mère, ne pourrais je pas la contempler un jour ? Hélas, vu mon espérance de vie, je ne crois plus la revoir rebâtie comme avant. Ô Notre Dame de Paris, je ne t ai pas assez admirée, assez priée, assez louée.