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violences conjugales et cancer
4 février 2021

Violences conjugales et précarité

Une vieille SDF enveloppée de couvertures pour s'abriter du froid. Elle était indifférente aux lumières de la ville. Les gens passaient, chargés de provisions et de cadeaux. Ils ne la voyaient pas, ils ne la regardaient même pas. Elle attendait, espérant toujours et toujours déçue. Pas une petite pièce et surtout pas, un mot d'amitié. Les rigueurs de l'hiver persistaient. Les citadins masqués ne s'attardaient pas. La pandémie les préoccupait. Déjà que la solidarité n'était pas l'apanage des Parisiens ! C'était plus dur maintenant. Chacun craignait son voisin, même l'inconnu qu'il croisait. La peur planait sur la ville comme sur tout le pays et comme dans le monde entier.
Si elle était là dans le froid, c'est parce qu'elle avait été chassée en été de son appartement, elle ne payait plus le loyer depuis des mois. Mais maintenant, c'était l'hiver : elle mourrait de froid. N'ayant pas de travail depuis très longtemps, des années qu'elle occultait dans sa mémoire, Solange n'avait pas de retraite, seulement le RSA. Comment se loger à Paris avec si peu ? Elle menait cette vie d'errance depuis dix ans. Elle avait fréquenté tous les hébergements d'urgence. Mais chaque fois, le répit était de courte durée. Il n'y avait pas de place pour qu'elle puisse rester. Trop de SDF donc, chacun ou chacune était obligé(e) de repartir à la rue après un jour ou deux. Et le froid retrouvé était encore plus mordant, plus cruel, plus implacable. Ensuite la peur des hommes SDF lui serrait le coeur. Comme pour se réchauffer, ils buvaient beaucoup d'alcool, bien sûr des rixes éclataient, elle avait beau se mettre à l'écart, les homme soûls l'importunaient souvent.
Seule, elle ressassait son passé. Mariée très jeune, elle avait souffert pendant presque quinze ans de la violence de son mari, de son mépris. Mais, alors qu'il lui avait fait abandonner ses études pour qu'elle s'occupe de son ménage, de sa fille, elle n'avait aucune qualification. Elle avait perdu son unique enfant de vue. D'ailleurs que pouvait-elle lui dire ? Elle avait honte de la vie qu'elle menait : sa déchéance. Sa fille lui avait été enlevée. Un jour, les assistantes sociales étaient venues et avaient emmenée Laure. L'enfant avait révélé que son père avait abusé d'elle. Solange, elle, n'avait rien vu, rien pressenti. Comment aurait elle pu imaginé une telle monstruosité : son époux l'envoyait faire des courses tard le soir et en profitait pour violer sa fille de onze ans ! Les juges l'avaient suspectée de complicité. Elle, qui avait toujours protégée sa fille, s'interposant entre le père souvent pris de boisson et l'enfant, ne lui révélant pas les coups donnés par Max, son conjoint. Emprisonné, Max avait profité d'une remise de peine pour bonne conduite et Solange avait toujours peur que son ex-mari la retrouve. Il lui en voulait d'avoir révélé les violences conjugales au procès. Il l'avait menacée de mort. Si elle était divorcée, à cause des dettes du couple, elle était partie sans rien. De petit studio, elle était passée en hôtel à bas prix puis en garni et maintenant c'était la rue. Une bouche de métro pour avoir un peu moins froid dans une rue passante d'un arrondissement du centre de Paris ! Et voilà, elle attend, elle était déjà dans une prison sans barreau. Enfermée dans sa peur du conjoint, enfermée dans sa crainte de révéler aux autres, sa passivité, prisonnière par amour pour sa fille qu'elle voulait protéger. Mais elle avait échoué sur toute la ligne. Son silence s'était retourné contre elle. Mère, elle avait perdu sa fille, épouse obéissante, son mari l'avait méprisée, trompée, frappée. Ses amis, déjà peu nombreux, l'avaient abandonnée. Plus personne, elle était désespérément seule.
Tout d'un coup, un chien passe et d'instinct va vers elle.Elle n'à plus de force mais elle accueille avec joie ce compagnon de misère.
Soudain, dans la nuit qui s'abat avec cruauté sur les SDF qu'elle frigorifié, elle entend des pleurs. Une femme assise sanglote. Elle est bien mise, assez jeune, plutôt jolie.
- "Qu'avez-vous ?
- Il m'a frappée et m'a jetée dehors."
La vieille mendiante lui révèle sa propre histoire. Elle avait elle aussi été mise à la porte. La jeune femme s'apaise. La mendiante lui insuffle du courage. La jeune femme va donner l'alarme à la pharmacie voisine. Elle dénonce son mari violent. Des policiers l'accompagnent chez elle. Elle prend ses affaires. Elle sera hébergée et ensuite pourra divorcer.

 

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