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violences conjugales et cancer
24 février 2018

Témoignage sur les violences conjugales et le cancer

Emilie était née sous une mauvaise étoile. Enfant unique, elle avait connu la solitude même si elle n'avait pas été privée de soins. Elle avait dû très tôt se conduire comme une adulte. Ainsi, quotidiennement, ses parents lui rappelaient combien ils avaient de difficultés financières, qu'elle leur coûtait cher aussi elle n'osait leur demander le moindre besoin, manifester le moindre désir.Elle culpabilisait sans cesse : elle était venue trop tôt selon sa mère. En plus, elle avait appris que sa mère avait fait une grosse dépression quand elle avait été enceinte. Son père ne lui parlait jamais directement : "ta fille", disait il à sa femme en parlant d'elle.

     Et le coeur serré, Émilie mesurait la distance entre ses parents et elle même. Son père aurait souhaité avoir un garçon, elle le sentait dans la façon dont il dénigrait les femmes : "elle a réussi et pourtant c'est une fille". Il la présentait à des visiteurs : "c'est la fille" ! Sa mère lui prêchait : "c'est par le travail que tu arriveras". Elle se sentait "sans intelligence".  Et si elle avait commis une maladresse involontairement, elle recevait quelques mots qui lui glaçaient le sang : tu me fais honte". Aussi, elle s'évertuait à récolter les premières places à l'école.

     Elle était souvent songeuse et triste et se faisait houspillee par sa mère : "moi, qui voulais une fille jolie, bien habillée : tu n'es rien de ce que j'espérais".

Pour fuir  cette jeunesse sombre, sans amies, sans soupurants, elle avait rêvé du grand amour et décidé qu'elle serait heureuse un jour et belle, et aimée. Elle avait mobilisé toutes ses forces pour atteindre ce but. Aussi quand elle tomba amoureuse, elle accepta de se marier alors qu'elle aurait voulu prendre son temps. Mais ses parents souhaitaient s'établir pour la retraite dans un autre département  et lui faisaient sentir qu'elle gênait leurs projets en restant seule. Des pensées informulees mais qu'elle devinait clairement. D'ailleurs ses parents appréciaient tellement leur futur gendre pour sa bonne situation qu'elle dut se résoudre. Elle l'aimait certes mais se méfiait  de sa mauvaise humeur  et de leurs divergences d'opinion. 

     Très vite après son mariage, ses appréhensions furent justifiées. Elle commença par recevoir une gifle puis graduellement les violences physiques de son mari augmenterent. Quand elle apprit qu'elle était  atteinte d'un  cancer, elle crut que la maladie les rapprocherait. Mais ce fut pire : des reproches incessants, un bras tordu, un coup de poing à la poitrine et des menaces de divorce : "tu ne pourras pas avoir d'enfant, je veux divorcer" "qui voudra de toi avec deux cancers, le troisième tu seras toute seule". 

    A partir du jour où son mari lui asséna un coup violent à la tête, Émilie annonça à ses parents qu'elle voulait divorcer et ils lui prêcherentre la patience, excusant leur gendre "il était énervé", "les hommes ne supportent pas les femmes malades". Et pour ne pas contrarier ses parents et aussi il faut l'avouer par peur de rester seule (sans famille pour la soutenir, sans un autre mari), Émilie attendit. A chaque scène, à chaque coup, son mari partait sans un mot, revenait sans prononcer une excuse. Pourtant quand il essaya de l'étrangler, elle décida seule de divorcer pour faute de son conjoint et ce fut un long combat menant de front sa bataille contre un troisième cancer et sa lutte auprès des tribunaux pour faire reconnaître son statut de femme battue. Les victimes doivent prouver avec documents à l'appui (certificats médicaux, témoignages) les violences. Le mari coupable peut nier jusqu'au bout. La femme victime reçoit une double peine : les souffrances psychologiques et physiques et la non reconnaissance de son statut de victime. Si le divorce fut bien reconnu aux torts exclusifs de son époux, Émilie supportant que la juge minimise sa souffrance et l'influent néfaste que ceux ci avaient eu sur sa santé. Le stress perpétuel contribue à l'apparition de tumeurs.

     A cause des lenteurs de la justice quand elle voulut refaire sa vie, il était trop tard, elle ne pouvait plus avoir d'enfant, la maladie et ses trois récidives l'avaient usée prématurément, elle avait perdu la moitié de ses cheveux, elle fuyait son visage creusé, ses rides marquées en ignorant les miroirs, les reflets dans les vitrines, elle n'avait plus le courage de rencontrer quelqu'un. La radiothérapie, la chimiothérapie lui avaient causé des problèmes cardiaques, pulmonaires. Toujours essoufflée, elle se déplaçait et parlait difficilement. 

    Et pourtant, toutes ces épreuveslui avaient forgé le caractère. Elle appréciait encore plus avec l'âge la vie simple : un rayon de soleil, un beau film, un documentaire interessant, la musique classique, l'opéra, la beauté de l'art, le charme de Paris.. tout lui semblait un cadeau de la vie, de cette vie qu'elle saisissait à bras le corps.

     Elle pensa à ces femmes battues dont une mourrait tous les trois jours  sous les coups de leur conjoint ou petit ami, en France. Elle n'oubliait pas les cancéreuses en difficulté, qui comme elle, avaient connu les traitements lourds, l'abandon de leurs proches, la solitude, la peur de mourir.

    Pour les aider elle créa une fondation en faveur des femmes battues et des cancéreuses en difficulté.

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