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violences conjugales et cancer
13 avril 2020

Confinement et violences conjugales : un dialogue édifiant

Dialogue entre la femme battue et la doctoresse Michèle
Michèle fit rentrer la femme au visage dissimulé par une écharpe. C'était une femme jeune mais son attitude craintive n'échappa pas à Michèle.
- C'est une femme battue, pensa-t-elle
Après quelques questions d'usage, Michèle aborda le sujet des violences conjugales :
- Depuis combien de temps, êtes vous confinée avec vos enfants, votre mari ? Comment se passe cette cohabitation ?
La jeune femme tourna la tête, gênée. Puis, tout d'un coup, comme un torrent qui dévale brutalement la montagne, elle raconta la vie de violences conjugales qu'elle connaissait depuis longtemps mais que le confinement avait brusquement aggravé. D'abord, des gifles, puis des coups, pour un repas raté, un retard, et tant d'autres mauvaises raisons. Comme les enfants toujours présents souffriraient de la violence de leur père, Magali se taisait, dissimulait ses larmes, feignant d'être heureuse : que n'aurait-elle pas fait pour leur tranquillité ? Magali effectuait toutes les tâches ménagères, car même au chômage technique, son mari ne l'aidait pas alors qu'elle même travaillait comme caissière dans une supérettedu quartier. Toute la journée, la crainte d'attraper le virus qu'elle aurait pu transmettre aux enfants, le souci constant de respecter les gestes barrieres la préoccupait. De retour chez elle, elle devait vérifier les devoirs des enfants. Alors que leur père était présent toute la journée chez eux, Pierre et Jeanne lui adressait des sms anxieux sur des problèmes de calcul qu'ils ne savaient pas résoudre. Magali répondait à leurs messages comme elle pouvait, déjà débordée au travail. Harassée de sa journée de travail, elle avait encore à expliquer les leçons, surveiller les devoirs alors que son mari regardait des DVD de match de football et jouait aux jeux sur internet. Pierre et Jeanne, jaloux de voir leur père se prélasser toute la journée devant la télé, refusaient de travailler, criaient. Leur père les réprimanait et ce fut pour les défendre qu'elle reçut un coup de poing qui lui ouvrit l'arcade sourcilière. Magali avait dû partir à la pharmacie, effrayée par le sang perdu. La pharmacienne avait contacté la police. Le mari avait été emmené pour interrogatoire mais il reviendrait, elle le savait. Il ne prononcerai même pas un mot d'excuse. Il faudrait toujours feindre dans cette guerre muette où elle perdait chaque jour un peu plus d'autonomie, d'indépendance. Elle aurait pu le quitter déjà depuis longtemps mais elle s'était sacrifiée pour ses enfants. Son mari ne lui saurait aucun gré de tous ses efforts. Elle était lasse. Ses yeux rougis, ses cernes bleuâtres parlaient pour elle.
- Vous n'avez pas de parents proches chez qui vous pourriez vous réfugier avec vos enfants ?
Magali secoua négativement la tête :
- Mes parents sont morts, mon frère et ma soeur étaient loin, indifférents à ses problèmes. Ils ne se fréquentaient plus mon mari les a éloignés de moi des le début de notre mariage.
- Des amis, alors ?
- Non, je n'ai que des collègues qui ont de trop petits appartements pour nous accueillir mes enfants et moi ! Déjà que Jeanne et Pierre sont un peu bruyants, un peu remuants, ce n'est pas possible ! Je ne m'en séparerai pas. Je ne peux les abandonner à leur père qui non seulement ne s'en occupe pas mais les rudoie.
Michèle savait bien que depuis le confinement, les violences conjugales avaient augmenté de 35 pour 100. De plus, des enfants aussi avaient été les victimes de ces violences : des pères indignes les frappaient comme ils battaient leur femme. Le docteur savait que la situation était intenable. L'incertitude de la durée du confinement empêchait de prévoir l'éviction du père du domicile conjugal et en attendant une mise à l'abri d'urgence. Les organismes n'étaient déjà que trop sollicités. La place manquait. Michèle possédait un appartement assez grand pour recueillir Magali et ses enfants. En contrepartie, Magali s'engagea à entretenir l'appartement et à aller chercher la fille de Michèle qui était débordée à l'hôpital. Depuis longtemps sensible à la cause des femmes, Michèle ne se contentait pas de dénoncer l'injustice de la condition des femmes battues, elle agissait.

 

 

 

 

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