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violences conjugales et cancer
28 mars 2020

Un bol d'air dans ces temps confinés

Alice regardait la mer au loin. Sur la plage, un matin encore frais de mars, elle humait à pleins poumons l'air vif et vivifiant de la mer. Ses poumons fragiles depuis son cancer au poumon pouvaient enfin respirer par eux mêmes et non pas grâce à 'oxygène thérapie qui chaque jour un peu plus, se révélait être de plus en plus contraignante. Imaginez ! Nuit et jour, elle traînait après elle un long tuyau relié à une grosse machine bruyante. Sur la figure, elle portait une lunette c'est à dire, derrière les oreilles, la lunette qui passait derrière les oreilles puis envoyait de l'air directement dans les narines. Mais, elle était obligée de supporter cet appareillage : question de survie. Elle en était prisonnière. Dans ses moindres déplacements, elle devait faire suivre tout le système pour l'oxygène thérapie. La machine portative lourde et encombrante devait être tirée, soulevée au moindre trottoir. En plus, l'autonomie de cette machine était brève pas plus qu'une heure et demie donc elle était obligée de rester à proximité. Prisonnière de sa maladie, Alice s'était pourtant libérée en rejoignant la mer.
En ville, l'air est vicié à cause de la pollution mais aussi à cause des fumeurs, qui fument dans les abris de bus, sur les terrasses des cafés, partout avec un sans gêne et un mépris sans bornes pour les non fumeurs. Alice n'avait jamais fumé et pourtant elle avait un cancer du poumon. Ici, l'air pur ouvrait la poitrine. De même dans la campagne environnante, l'air frais était un reméde contre la maladie. Alice avait eu l'occasion dans le passé avant que son état de santé se détériore de "prendre l'air", c'est à dire de voyager, dans le ciel, en ballons. Elle se souvenait de son émotion quand après le bruit du gaz gonflant la voilure, elle avait grimpé dans la nacelle. Lentement, le ballon s'était élevé au dessus de la clairière. Au dessus des frondaisons, elle avait admiré dans le ciel d'un bleu limpide, les autres ballons, qui tous montaient doucement dans un déploiement de fleurs multicolores. L'air état vif.
Dans le Val de Loire, au dessus, des si beaux châteaux comme Villandry, Chenonceau, Chambord, Cheverny et Ambroise, la mongolfière avait lentement oscillé poussée par le vent léger. Aux détours d'une frondaison, au creux d'une colline, le long de la Loire, les différents châteaux se révélaient, peu à peu, dans un écrin de verdure. Villandry offrait son beau jardin à la française où les parterres dessinaient des losanges, des coeurs. Chenonceau enjambait la rivière : le blanc écartant des arches du pont se détachait sur le bleu des eaux. Le château des Dames était remarquablement beau, vu d'en haut. Les passagers du ballon distinguaient bien le jardin et ses bordures de plantes vivaces. Diane de Poitiers l'avait dessiné mais les propriétaires, presque toutes des femmes, au fil des temps, l'avaient préservé, embelli, pour l'offrir à la postérité. Chambord avec ses tourelles, ses mâchicoulis, son architecture complexe apparaissait comme un diamant dans l'écrin des bois et des prés. Cheverny rappelait avec insistance qu'il avait été le modèle du château du capitaine Haddock : Moulinsart. La symétrie de la façade comme la grâce de l'édifice enthousiasmà Alice. Tous ces beaux châteaux sont un livre d'histoire : comme c'était beau ! Mais Alice ne regardait pas seulement les paysages, les châteaux, elle n'avait que d'yeux pour le beau conducteur du ballon. Il avait son âge, à peu près, peut être un peu plus vieux. Mais ses yeux avaient gardé pour toujours le bleu du ciel. Châtain, mince il usait de son sourire charmeur pour captiver le petit nombre de passagers. Lorsque sa main frôlait par inadvertance les doigts ou le bras d'Alice, celle-ci rougissant.Hélas, le voyage fut trop bref à son goût. Quand le ballon se posa, Alice eut du mal à détacher sa main de celle de Rémi. Alice avait scrupuleusement noté le numéro de téléphone de l'association qui avait engagé Rémi. A cette époque, les téléphones portables n'existaient pas encore. Alice, chaque jour, ne pouvait pas s'empêcher de penier à Rémi. Elle le revoyait partout. Les yeux du jeune homme, pour elle, volet aient partout. Mais comment faire pour le retrouver. Elle espérait avoir un coup de pouce du destin. Elle revint à l'association qui proposait des excursions en montgolfière. Mais Rémi était toujours absent, parti à bord de son ballon pour faire visiter la région à d'autres touristes. Que pouvait-elle imaginer pour le retrouver ? Prendre l'air. S'offrir une autre excursion en ballon. Mais, il fallait que Rémi puisse piloter ! En insultant, elle obtient que ce rendez-vous soit planifie. Le voyage se produirait au dessus de la Sologne.
Alice avait traversé la Sologne, plusieurs fois, en voiture. Elle avait aimé les grandes forêts, les étendues de marécages. Mais, vu du ciel, le paysage serait très différent et elle reverrait Rémi. Le jour dit, elle attendit dans une clairière avec un couple d'Anglais, le gonflage du ballon. Soudain Rémi apparut dans le soleil. Le coeur d'Alice battit plus fort. Le regard et le sourire de celui qu'elle aimait l'enveloppant de douceur. Doucement le ballon s'éleva dans les airs. Il se dirigea vers La Ferte-Saint-Aubin où le château, dans un grand parc verdoyant, lui parut admirable de classicisme. Plus loin, le château du Moulin, plus pittoresque, plus petit la charmante avec sa tour en brique. Aller de château en château rapprochait Rémi et Alice dans une contemplation mutuelle. L'Art, la Beauté leur permettait de se retrouver en eux mêmes. Le voyage en ballon leur permettait de prendre leurs distances avec leurs contemporains, tels des lilliputiens au dessous d'eux. Les deux Anglais ne les dérangeaient pas : ils ne cessaient de prendre des photos. Rémi et Alice demeuraient muets devant les aspects insoupçonnés des monuments. Habituellement cachée aux piétons, aux automobilistes, la globalité des beaux bâtiments était perceptible grâce à leur ascension dans les airs.
A l'issue du voyage en ballon, Rémi et Alice se retrouvèrent devant un chocolat chaud. Ils décidèrent de se revoir dès le lendemain. Ainsi, dans la période bénie des vacances, Alice avait rencontré le grand amour qu'elle cherchait depuis toujours. Leurs points de vue sur beaucoup de sujets (art, musique, littérature) étaient voisins, voire identiques. Mais l'attrait physique comptait aussi beaucoup. Rémi se taisait sur sa vie privée. Alice imaginait. Ce Tournage ôter, qui aimait tant sa région, ne la quitterait pas pour elle. Le travail d'Alice se situait en banlieue parisienne. Comment se rejoindre ? Est-ce que leur idylle se limiterait à un amour de vacances ?
Chaque week-end et aux vacances scolaires, Alice allait le rejoindre à Tours. Mais au bout d'un an, Rémi ne donna plus de nouvelles. Alice, très inquiète, apprit bien plus tard qu'il était parti à l'étranger. Sans un mot, sans un lettre.
Elle aurait pu l'oublier mais son souvenir restait fiché dans son coeur. Et maintenant, après quarante ans, en regardant la mer, Alice se demandait ce qu'elle ferait si Rémi survenait à l'improviste sur la plage. Elle se souvenait que les parents de Rémi habitaient en Provence. Il aurait pu aller les voir. En même temps, la peur qu'il ne la reconnaisse pas, qu'il la trouve vieille et laide l'empêcha de le chercher. Elle le retrouverait dans les airs, dans son souvenir.

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